Le séquestre cornéen est une affection oculaire propre au chat, qui intrigue autant qu’elle inquiète les propriétaires. Reconnaissable à sa tache brun foncé ou noire sur la surface de l’œil, il traduit une nécrose localisée de la cornée. Bien que souvent rencontré chez certaines races comme le Persan ou le Siamois, il peut toucher n’importe quel chat, parfois de façon imprévisible.
Au-delà de l’aspect esthétique, cette lésion est douloureuse et peut altérer la vision si elle n’est pas prise en charge rapidement. Comprendre ses causes, reconnaître les premiers signes et connaître les solutions thérapeutiques disponibles est essentiel pour offrir à son compagnon une meilleure qualité de vie.
Dans cet article, nous vous expliquons de manière claire et pratique ce qu’est le séquestre cornéen félin, ses symptômes, ses traitements et les moyens de prévention.
Qu’est-ce que le séquestre cornéen chez le chat ?
Définition
Le séquestre cornéen félin correspond à une zone de nécrose du stroma cornéen, la partie transparente qui forme la “vitre” de l’œil. Cette zone morte prend une coloration caractéristique brun foncé à noire, bien visible à l’œil nu. On parle parfois de “cornea nigra” en raison de cette pigmentation atypique.
Au fil du temps, le séquestre peut rester superficiel ou s’enfoncer plus profondément dans la cornée, ce qui augmente le risque de perforation et de complications sévères.
Races prédisposées
Bien que tous les chats puissent développer un séquestre cornéen, certaines races sont particulièrement exposées :
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Persan et Himalayen : très fréquemment atteints
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Siamois et autres races asiatiques
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Chats brachycéphales (face aplatie) en raison d’une exposition accrue de la cornée et d’un clignement incomplet
Chez ces chats, une vigilance accrue est nécessaire, car le séquestre peut apparaître de manière récurrente tout au long de la vie.
Les causes et facteurs de risque du séquestre cornéen
Le séquestre cornéen félin n’a pas une seule cause identifiée, mais résulte plutôt d’un ensemble de facteurs qui fragilisent la cornée.
Irritations et traumatismes cornéens
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Traumatismes cornéens : griffure, corps étranger, blessure accidentelle.
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Anomalies palpébrales comme l’entropion (paupière qui s’enroule vers l’intérieur) ou la présence de cils anormaux (distichiasis) qui frottent en permanence sur la cornée.
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Lagophtalmie : fermeture incomplète des paupières, fréquente chez les chats au nez aplati, favorisant le dessèchement de la surface oculaire.
Infection par le virus herpétique félin (FHV-1)
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Le FHV-1 provoque des kératites chroniques qui fragilisent la cornée et peuvent évoluer en séquestre.
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Dans certains cas, une co-infection (ex. Toxoplasma gondii) a également été identifiée.
Autres prédispositions
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Défaut de film lacrymal (sécheresse oculaire).
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Utilisation de collyres corticoïdes retardant la cicatrisation.
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Anomalies métaboliques locales du tissu cornéen, encore mal comprises.
👉 Le séquestre cornéen doit donc être vu comme une maladie multifactorielle.
Les symptômes du séquestre cornéen à surveiller
Le séquestre cornéen se manifeste par des signes visibles mais aussi par des signes de douleur parfois discrets.
Signes visibles
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Apparition d’une tache brunâtre à noire au centre ou légèrement décentrée sur la cornée.
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Aspect brillant ou mat selon l’évolution.
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Ulcération associée : cornée creusée ou irrégulière.
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Vascularisation : vaisseaux sanguins progressant vers la lésion.
Signes de douleur
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Blépharospasme (paupières fermées).
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Larmoiement abondant.
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Photophobie (gêne à la lumière).
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Comportement : frottement de l’œil, irritabilité, baisse d’activité.
⚠️ Chez certaines races comme le Persan, la douleur peut sembler discrète : la simple apparition d’une tache noire doit motiver une consultation vétérinaire.
Comment diagnostiquer un séquestre cornéen chez le chat ?
Examen clinique
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Observation à l’œil nu : la lésion sombre est très caractéristique.
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Lampe à fente : évaluation de la profondeur de l’atteinte.
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Coloration à la fluorescéine : mise en évidence d’une ulcération associée.
Examens complémentaires
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PCR : confirme parfois la présence de FHV-1.
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OCT (tomographie en cohérence optique) : visualise la structure cornéenne et le suivi post-opératoire.
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Histologie (plus rare) : confirme la nécrose et les dépôts pigmentaires.
👉 Dans la majorité des cas, l’examen clinique suffit à poser le diagnostic.
Traitement du séquestre cornéen félin
Le séquestre cornéen ne guérit pas seul : un traitement vétérinaire est indispensable.
Prise en charge médicale
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Généralement insuffisante seule.
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Soulagement de la douleur, prévention de l’infection et stabilisation en attendant la chirurgie.
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Collyres lubrifiants, antibiotiques topiques, antalgiques adaptés.
Chirurgie : kératectomie et greffes cornéennes
La kératectomie (ablation de la zone nécrosée) est la solution la plus efficace.
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Si la lésion est superficielle → kératectomie simple.
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Si la nécrose est profonde → nécessité d’un renforcement cornéen par :
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Greffe de biomatériau
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Greffe conjonctivale
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Transposition cornéo-conjonctivale
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Ces techniques permettent de restaurer l’intégrité de la cornée et de préserver la vision.
Prise en charge chirurgicale d’un séquestre cornéen chez le chat : un cas illustré
Pronostic
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Généralement bon avec récupération visuelle satisfaisante.
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Une opacité discrète peut persister.
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Récidives possibles, surtout chez les races prédisposées.
Prévention et suivi du séquestre cornéen
Prévention
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Corriger les anomalies palpébrales (entropion, distichiasis).
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Limiter les irritations oculaires.
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Prendre en charge rapidement les kératites chroniques (notamment herpétiques).
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Surveillance accrue chez les races prédisposées.
Suivi post-opératoire
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Contrôles rapprochés après chirurgie pour surveiller la cicatrisation.
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Traitements prescrits (collyres, antalgiques).
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Surveillance à long terme pour dépister les récidives.
Conclusion
Le séquestre cornéen félin est une affection fréquente et douloureuse. Bien que ses causes soient multiples, la chirurgie (kératectomie, greffes) permet aujourd’hui un pronostic favorable dans la grande majorité des cas.
Pour les propriétaires, l’essentiel est de réagir rapidement à toute anomalie de l’œil et de maintenir un suivi ophtalmologique, surtout chez les races à risque, afin de garantir au chat confort visuel et qualité de vie.
